Petite introduction ! L'article qui suit manque un peu de visuels pour accompagner son développement, et pour cause ! Là où je pouvais caller des gifs et des screenshots pour la pop culture, en ce qui concerne l'histoire c'est plus compliqué, et je ne veux pas juste mettre une image un peu sortie du contexte pour illustrer l'article... promis la prochaine fois je me rattrape !
Les plus anciennes traces archéologiques d’hydromel (au sens de miel et d’eau fermentés) ont été découvertes en Mésopotamie, mais il semblerait qu’il n’ait alors pas été consommé en tant que tel et que son apparition a plus été le fruit du hasard naturel que de la volonté de créer une boisson miellée. D’autres traces montrent sa présence un peu partout dans le monde, là où des essaims d’abeilles en milieu humide ont permis la fermentation naturelle du miel.
Pour sa consommation, les recherches archéologiques tendent à montrer que l’hydromel est au moins aussi ancien que la découverte de l’alcool par les humains. Le brassage de la bière par exemple étant attesté dès 13 000 avant Jésus Christ chez le peuple Natoufien en actuelle Israël [source !], il n’est pas improbable de penser que la fermentation du miel était alors connue également 1
Il est de plus à noter que la bière et l’hydromel du Mésolithique et du Néolithique, puis de l’âge du bronze sont, selon les découvertes archéologiques, souvent confondues et que je me permets de fait d’en parler ici comme d’un seul et unique ensemble de breuvages tant que leurs différences ne sont pas attestées dans les sources (c’est-à-dire durant l’âge du bronze, où les techniques se séparent peu à peu). Cela s’explique par le fait que le miel est alors la seule source de sucre conservable utilisée de manière généralisée dans une majorité de culture. De ce fait, il n’est guère surprenant de retrouver de l’hydromel un peu partout dans le monde.
- Petit fun-fact, si vous suivez bien, on a des traces de boissons alcoolisées dès -13 000ans av J.-C., mais la culture des céréales est attestée en -7 000 ans. Soient 6 000 ans de bibines faites avec des céréales cueillies et non cultivées, mais j’en reparlerai dans un autre billet -
Pour ce qui est de l’hydromel en tant que tel (on sépare désormais la bière et l’hydromel, la bière on en parlera une autre fois), des découvertes archéologiques en montrent des traces dans des jarres en céramique datées de -7 000 ans environ ² . D’autres traces montrent également une grande consommation d‘hydromel en Egypte dès la haute Antiquité ainsi qu’en Mésopotamie, ce qui peut correspondre à une extension géographique des savoirs natoufiens vers les grands berceaux civilisationnels comme à une découverte spontanée et commune à plusieurs civilisations.
C’est plus tardivement que l’on aura la première source écrite d’une recette d’hydromel puisque ladite recette nous vient d’Aristote en 350 avant notre ère dans un ouvrage perdu, mais cité par Pline l’Ancien dans son œuvre Naturalis Historiae publiée vers 77 après Jésus Christ qui s’appuie largement sur l’œuvre du philosophe Grec.
Petit changement géographique puisqu’on va maintenant aborder l’Europe occidentale. En effet, les recherches en France et en Allemagne ont révélé des tombes datant de l’âge du fer dans lesquelles des coupes ouvragées avaient contenues de l’hydromel, ce qui montre qu’au moins les hauts dignitaires en consommaient. Platon décrit d’ailleurs les Gaulois comme des « buveurs de vin et d’hydromel » ce qui tend à corroborer les thèses actuelles, mais encore une fois je ferai un autre article plus complet sur le sujet de l’hydromel en Gaule (petit teasing, ça va casser des idées reçues !)
La boisson miellée que nous adorons se répand tout autour du bassin méditerranéen grâce au commerce notamment, mais elle sera bien vite supplantée par le vin, plus facile d’accès de par sa fabrication et son prix.
Avec la suprématie de l’empire romain, c’est le vin et, dans une moindre mesure, la bière qui vont s’imposer dans la culture comme boissons de choix, phénomène qui va en s’accélérant avec la montée en puissance de l’Eglise qui fait mains basses sur les meilleurs vignobles et les techniques qui vont de pair. On voit alors l’apparition de l’eucharistie et surtout de la transsubstantiation lors du concile de Latran IV (1215) qui met en avant le vin de messe : le fameux sang du Christ. C’est alors dans les endroits où l’Eglise est la moins présente que la culture de l’hydromel reste la plus vivace. Les pays de la mer Baltique par exemple, en feront un commerce florissant jusqu’à leur christianisation.
Nous pourrions également passer un long moment sur la place de l’hydromel chez les scandinaves vikings mais le sujet va prendre à lui seul un loooong article qui arrivera dès que j’aurais fini de le rédiger. =)
L’hydromel a donc tendance à sinon disparaître au moins se faire discret face à la baisse des prix du vin et de la bière. Au XIXème siècle, il réapparait peu à peu en France mais le gouvernement lui met des bâtons dans les roues avec des lois privilégiant largement les produits et savoir-faire viticoles en Août 1905 suite à la crise du philoxera. L’hydromel reste alors une affaire de famille, ce sont les apiculteurs qui font leur propre produit pour leur entourage direct, parfois en négligeant tout savoir-faire. L’hydromel acquiert une réputation d’alcool de seconde zone et la qualité n’est plus le premier critère de sa fabrication.
De nos jours, la situation évolue, et je pense à titre personnel que la pop culture n’est pas étrangère à la renaissance de ce doux breuvage qu’est l’hydromel (voir mon article introduction à la pop culture 😉) et des associations d’hydromelliers voient le jour, comme aux Etats-Unis (American Mead Association-1986) où l’hydromel connait une explosion du nombre de fabricants mais aussi en Europe (European Mead Maker Association entre autres). On ne peut qu’espérer que l’histoire de l’hydromel se trouve à l’aube d’un nouveau chapitre, et je serais là pour continuer d’apporter ma pierre à l’édifice.
Sur ce, je vous laisse, n’hésitez pas à me faire part de vos retours en commentaires, prenez soin de vous, sauvez une abeille et à bientôt pour un autre article.
Sources :
1. https://www.hominides.com/html/actualites/biere-prehistoire-13000-ans-1268.php
2. https://www.franceculture.fr/emissions/le-salon-noir/vin-biere-ou-hydromel-la-gaule-etait-elle-ivrogne (le lien date un peu mais les infos restent intéressantes)